La souris bleue de Kate Atkinson
Revoilà le détective JacksonBrodie, qui m’avait tant plu dans « Les choses s’arrangent mais ça ne va pas mieux » (oui, je sais, je les lis à l’envers …!).
Il est ici chargé de retrouver une petite fille disparue il y a 34 ans (!) mais aussi de résoudre une crime vieux de 10 ans (une jeune fille abattue sans raison apparente dans les bureaux de son père avocat). Pas évident me direz-vous et c’est rien de le dire !
Comme dans son autre roman, Kate Atkinson mêle brillamment différentes narrations, qui finiront par se rejoindre et nous donner le fin mot de l’histoire.
Les personnages sont toujours aussi attachants, loufoques et tellement désopilants en fin de compte. A la manière d’un roman policier, l’auteur nous emmène de secrets inavouables en conflits de famille, jusqu’au dénouement final qui en laissera pantois plus d’un. Car qualifier ce roman de polar serait bien réducteur tant l’auteur parvient à dépeindre avec humour et justesse notre société contemporain, ses affres et ses petits bonheurs.
Plus qu’un roman policier, c’est un vrai mélange des genres que l’auteur nous offre, alternant sans failles scènes chocs, suspens et comédie sentimentale, le tout toujours teinté d’un brin d’humour. So british, of course !
Je n’ai qu’une envie, lire d’autre romans de Kate Atkinson.
Est sorti en collection de poche.
La cité des jarres d’ Analdur Indridason
Je n’avais jamais lu de polar de cet auteur, pas plus que de polar islandais d’ailleurs.
Celui-ci est donc son premier, traduit en français. Et son héros, l’inspecteur Erlendur, sera donc un personnage récurent dans les autres romans du même auteur. Tant mieux ! Car on s’attache très rapidement à notre policier et ses collègues de travail.
L’histoire, au départ, semble assez classique : un homme est retrouvé mort chez lui, sans doute assommé à l’aide d’un cendrier par une tierce personne qui a pris la fuite. Sur son corps inerte trône une feuille de bloc arrachée avec trois mots écrits dessus (mots que je ne peux dévoiler pour ne pas déflorer l’intrigue, chut !!). Erlendur va devoir remonter loin, très loin dans le passé de notre homme pour y découvrir au fur et à mesure des bribes de vérité… Tout en se démenant avec sa fille adulte qui souhaite changer enfin de vie et se sortir de la drogue sans vraiment faire les efforts nécessaires pour cela…
Un bon polar psychologique : l’intrigue est plutôt classique mais vaut pour l’épaisseur de ses personnages (des plus importants aux secondaires), et la description de la vie islandaise. J’ai parfois trouvé que le récit manquait de clarté avec des dialogues pas toujours très compréhensibles une fois traduits en français.
Dommage que la quatrième de couverture, pour attirer le potentiel lecteur, nous dresse un résumé racoleur mais totalement hors sujet …Cela pourra peut-être en dérouter certains, car le récit penche plutôt du côté de l’enquête policière nébuleuse que du thriller horrifique.
La couronne verte de Laura Kasischke
Si j’ai cru au départ lire à nouveau Rêve de garçons du même auteur, j’ai rapidement été détrompée. Si là encore, Laura Kasischke choisit les thèmes qui lui sont chers (soit l’adolescence, une virée en terre inconnue le temps des vacances et la confrontation entre monde urbanisé et forêt luxuriante et menaçante), elle en fait un roman différent de celui précédemment cité, pour notre plus grand plaisir.
Ce sont les vacances de printemps pour Teri, Anne et Michelle, trois jeunes américaines de l’Illinois. Elles décident de partir une semaine à Cancun pour profiter , loin de la vigilance des parents, des plages mexicaines et des soirées arrosées entre adolescents. Ce qu’elles vont découvrir là-bas dépassera tout ce qu’elles avaient pu imaginer, de l’émerveillement des premières découvertes à l’horreur des derniers instants.
Un roman troublant et asphyxiant : on sent confusément ce qui va se passer,on le redoute à chaque page. Plus le récit avance et plus les mises en garde des parents nous reviennent en mémoire : « Attention à ne pas suivre des inconnus » … quels qu’ils soient.Comme dans Rêve de garçons , ce séjour est un voyage initiatique pour Anne et Michelle : un aller sans retour pour l’âge adulte et ses désillusions. Elles n’y entreront pas toutes les deux de la même manière mais tout aussi brutalement l’une que l’autre. Là aussi, la nature foisonnante et inquiétante, veille. Elle est à la fois le point de départ de l’aventure et le moyen d’en sortir.
Une réussite.
Girlfriend dans le coma de Douglas Coupland
L’histoire commence en 1979 : Karen, l’une des membres d’un petit groupe de copains, a d’étranges visions. Au cours d’un séjour au ski avec toute la bande, elle tombe dans le coma après avoir ingéré deux valiums et de la vodka. C’est le début d’un long sommeil de près de 17 ans.
Le roman se divise en trois parties: la première en 1979, la seconde17 ans plus tard et la dernière dans un futur proche.
Le récit gravite autour de six amis, encore plus liés les uns aux autres qu’ils ne l’imaginent : Karen et Richard, le jeune couple fleur bleue ; Hamilton et Pam, les deux débauchés qui vont explorer toutes les drogues imaginables jusqu’à frôler la mort ; et Linus et Wendy, les intellos de la bande, toujours un peu en marge. J’ai dit 6 amis mais il y a un 7e personnage tout aussi important : Jared, l’ami disparu quelque temps avant que ne débute le récit, mort d’une leucémie.
Sans dévoiler la fin,on peut dire que ce roman est une large réflexion sur notre temps et ce qu’il nous reste des époques précédentes. Mêlant quotidien et éléments fantastiques, Douglas Coupland parvient à ériger une narration qui interroge le lecteur sur l’avenir et le devenir de l’humanité.
Dommage que dans les dernières page, le propos de notre auteur ne devienne trop moralisateur.On assiste alors à une véritable déferlante d’ effets spéciaux pas toujours très digestes qui tendent à grossir exagérément le trait. Le récit en devient malheureusement risible.
Un bon moment de lecture quand même, avec toujours de sthèmes chers à Douglas Coupland, de l’humour et un sens de la narration toujours aussi étonnant.
Est sorti en collection de poche.
Hey, Nostradamus !
Après avoir lu, et énormément apprécié,deux romans de Douglas Coupland (Génération X et Microserfs), j’avais plus ou moins laissé tomber cet auteur… Il y a plusieurs années de ça. Mais deux romans dormaient encore dans ma bibliothèque, attendant quelques vacances scolaires ou arrêt maladie… La magie de noël opérant, l’oubli est donc réparé et j’ai pu lire coup sur coup Hey Nostradamus ! et Girlfriend dans le coma.
Le roman est découpé en quatre parties, quatre point de vue de 1988 à 2003. Le récit commence avec une tragédie digne de celle de Columbine : le meurtre prémédité de plusieurs lycéens par trois de leurs camarades, un beau matin de l’année 1988. C’est Cheryl la première qui s’exprime, elle qui est restée là-bas dans ce réfectoire où elle a été abattue à l’âge de 17 ans. Vient le tour de Jason, son petit-ami qui ne peut que raconter la vie sans elle; puis c’est Heather qui prend la parole, qui est tombée amoureuse de Jason 14 ans plus tard et enfin, c’est Reg, le père de Jason, qui clôt le récit, cet homme qui a fait fuir les siens pour avoir voulu suivre ses préceptes religieux.
Ce récit à quatre voix est un plaidoyer contre l’intégrisme religieux et la violence qui s’est petit à petit instillé dans notre quotidien. C’est une véritable réflexion sur les motivations qui nous pousse à nous lever chaque jour et continuer à vivre, malgré les tragédies et les absents.
Moi qui avait cantonné un peu vite Douglas Coupland à « l’écrivain pour ados », j’ai lu ce roman avec un interêt grandissant au fil des pages.C’est, comme souvent chez Coupland, bourré d’humour, de clins d’oeil mais aussi réflexif. Tout ce que j’aime.
Une bonne re – découverte !