- Accueil
- > Roman classique etranger
Archive de la catégorie
Liste des articles dans la catégorie Roman classique etranger.
Dojoji et autres nouvelles de Mishima
Quatrième de couverture
De l’univers des geishas aux rites sacrificiels des samouraïs, de la
cérémonie du thé à la boutique d’un antiquaire, Mishima explore toutes
les facettes d’un japon mythique, entre légende et tradition. D’une
nouvelle à l’autre, les situations tendrement ironiques côtoient les
drames les plus tragiques : que ce soit la jolie danseuse qui remet du
rouge à lèvres après avoir renoncé à se défigurer avec de l’acide en
souvenir de son amant, Masako, désespérée, qui voit son rêve le plus
cher lui échapper, ou l’épouse qui se saisit du poignard avec lequel
son mari vient de se transpercer la gorge… Quelques textes étonnants pour découvrir toute la diversité et l’originalité du grand écrivain japonais.
Mon avis :
Les quatres nouvelles qui composent ce recueil sont toutes assez différentes les unes des autres, et nous donnent à voir les diverses facettes de ce grand écrivain que fut Mishima.Dans les sept ponts et La Perle, Mishima nous conte deux récits (le premier se situant dans l’univers des Geïshas et le second dans la bourgeoisie japonaise) avec ironie, nous adressant un dernier clin d’oeil dans la scène finale.
Les deux autres nouvelles Patriotisme et Dojoji sont plus tragiques. Elles délivrent plutôt un message fort et témoignent d’un certain angle de reflexion face à la mort ou la souffrance.
Dans Patriotisme, un lieutenant décide de se suicider pour ne pas avoir à combattre ses anciens compagnons d’armes renégats. Sa femme le suivra dans la mort, ainsi qu’ils l’ont convenu. La scène dans laquelle le lieutenant se fait hara-kiri est à la limite du soutenable, d’ailleurs.
Dojoji, elle, apporte une reflexion sur la souffrance et la mort d’un être cher; traitée sur le mode de l’absurde et d’une pièce de théâtre à huit-clos.
Quatres nouvelles qui m’ont enchantée et donnée très envie de lire l’oeuvre majeure de Mishima : Confession d’un masque.
L’amour au temps du choléra de Garcia Marquez
Présentation de l’éditeur
A la fin du XIXe siècle, dans une petite ville des Caraïbes, un jeune télégraphiste pauvre et une ravissante écolière jurent de se marier et de vivre un amour éternel. Durant trois ans, ils ne vivent que l’un pour l’autre, mais Fermina épouse Juvenal Urbino, un jeune et brillant médecin. Alors Florentino, l’amoureux trahi, se mue en séducteur impénitent et s’efforce de se faire un nom et une fortune pour mériter celle qu’il ne cessera d’aimer, en secret, cinquante années durant, jusqu’au jour où l’amour triomphera.
Mon avis :
Un roman superbe, à l’écriture foisonnante et onirique. On est pris dans la spirale narrative qui nous fait vivre ce XIXe siècle à travers le destin de Florentino et Fermina.
C’est un plaisir de se plonger dans ce livre, à l’écriture si imagée : nous voici en Colombie et sa végétation luxuriante, sa population espagnole et métisse etc.
La fin est particulièrement émouvante et clôt en beauté cette réflexion sur le destin et le temps qui passe inéxorablement.
Ce n’est pas à strictement parler une banale histoire d’amour entre deux êtres mais plutôt un aperçu de ce que peut être l’Amour, quel que soient les formes qu’il revêt et les turpitudes qu’il entraîne.
Gabriel Garcia Marquez a obtenu le Prix Nobel de littérature en 1982.
La séquestrée de Charlotte Perkins Gilman
Présentation de l’éditeur
Ce classique des lettres américaines est, selon Diane de Margerie qui en a établi la présenté édition, » de ceux qui laissent une trace ineffaçable « . Et pour cause : ce récit halluciné, tendu et violent nous est livré à la première personne par une jeune mère tombé en dépression grave. Elle accepte de se soumettre à une cure de repos d’un genre radical, qui s’apparente à une séquestration pure et simple. L’idée du mari médecin : après un régime de privation si draconien, l’épouse taraudée par des idées d’émancipation n’aura qu’un souhait…échapper à sa prison pour retrouver enfin les doux plaisirs du foyer. Cependant elle ne réagit pas comme l’avait prévu la Faculté.
Biographie de l’auteur
Charlotte Perkins Gilman (1860-1935) fut l’une des premières féministes de l’Amérique moderne. Rendue un temps » folle » par le mariage et la maternité, partagée entre l’amour des hommes et celui de quelques élues, Charlotte la scandaleuse ne cessa de lutter pour qu’on la laisse être ce qu’elle était.
Mon avis :
Cette nouvelle vraiment très courte, aurait pû être également traitée comme une nouvelle fantastique. Cette femme (qui au départ semble juste être atteinte de mélancolie suite à la naissance de son enfant) est astreinte à rester enfermée dans une chambre au papier peint jaune qu’elle déteste et qui représente la caricature de sa vie (et qui donne d’ailleurs son nom au récit initial en anglais : The Yellow wallpaper).
Cet enfermement est prétexte à une parabole sur la condition des femmes au XIXe siècle qui était cantonnée au rôle de mère, épouse et femme d’interieur, et en cela ce texte est à mettre en parallèle avec les écrits d’ Edith Warton et d’Alice James.
Un postface de la tradutrice Diane de Margerie nous dévoile ce que fut la vie de l’auteur, ses excès de mélancolie et les solutions que la médecine proposait à l’époque pour ces femmes que l’on disait à l’époque atteinte d’hystérie. Elle nous dévoile les tournants de la vie de l’auteur qui ont inspirés cette nouvelle, tournants qu’elle éclaire par la retranscription de certains passages de son journal intime. A l’époque, il est inconcevable qu’une femme puisse s’émanciper, ne pas se marier ou encore écrire (la mère de Charlotte Perkins lui interdira d’ailleurs d’écrire dès l’âge de 10 ans, tout comme l’héroïne de cette nouvelle doit écrire en cachette ses impressions et ses peurs).
Atteinte d’un cancer du sein inopérable, elle mettra fin à ses jours en 1935.
Anna Karénine de Tolstoï
Il y a donc 2 tomes aux éditions GF. (la collection dans laquelle j’ai lu ce roman).
La quête d’absolu s’accorde mal aux convenances hypocrites en vigueur dans la haute société pétersbourgeoise de cette fin du XIXe siècle. Anna Karénine en fera la douloureuse expérience. Elle qui ne sait ni mentir ni tricher – l’antithèse d’une Bovary – ne peut ressentir qu’un profond mépris pour ceux qui condamnent au nom de la morale sa passion adultère. Et en premier lieu son mari, l’incarnation parfaite du monde auquel il appartient, lui plus soucieux des apparences que véritablement peiné par la trahison d’Anna. Le drame de cette femme intelligente, sensible et séduisante n’est pas d’avoir succombé à la passion dévorante que lui inspire le comte Vronski, mais de lui avoir tout sacrifié, elle, sa vie de femme, sa vie de mère. Vronski, finalement lassé, retrouvera les plaisirs de la vie mondaine. Dans son insondable solitude, Anna, qui ne peut paraître à ses côtés, aura pour seule arme l’humiliante jalousie pour faire vivre les derniers souffles d’un amour en perdition. Mais sa quête est vaine, c’est une « femme perdue ».
L’histoire de Anna et Vronski est mise en parallèle avec celles de Dolly et Oblonski et celle de Kitty et Lévine (personne qui semble être le double de Tolstoï).
C’est un classique que je regrette de ne pas avoir lu plus tôt, même si finalement je me dis qu’avoir vécu plusieurs expériences sentimentales permet d’apprécier encore plus le roman.
Les descriptions sont grandioses (on s’y croirait). Le roman est très bien construit, passant tour à tour du quotidien d’un couple à celui d’un autre; alternant dialogues entre les protagonistes et réflexions des uns et des autres sur la politique, la foi ou l’engagement par exemple.
C’est un roman magnifique, qui nous emporte dans la Russie du XIXe siècle sans difficulté, un chef d’oeuvre selon moi !